Crise agricole Opération séduction de la FNCL auprès des députés
La fédération nationale des coopératives agricoles a réuni mardi 28 juin 2016 une poignée de députés pour leur montrer « comment les coops accompagnent leurs adhérents face à la crise laitière » et les convaincre de bouger les lignes françaises.
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A l’Assemblée nationale, dans une salle perdue au fond d’un dédale de couloirs, une poignée de députés, emmenés par l’élu de la Loire, Dino Cinieri, étaient conviés par Dominique Chargé, président de la FNCL, à un échange sur la crise laitière. « Nous voulons vous montrer comment les coopératives accompagnent leurs adhérents dans un contexte économique très dégradé », a-t-il introduit. « La coopération est parfois un sujet tabou. Certains se demandent si elle protège ses producteurs. »
Selon le président de la FNCL, « 80 % des coopératives laitières ont mis en place des dispositifs d’accompagnement spécifiques pour leurs adhérents », afin de les aider à traverser les actuelles difficultés. Parmi ces dispositifs, des prêts de trésorerie ont été proposé par six coopératives sur 10. « 3 416 producteurs en ont fait la demande, pour un montant moyen prêté de 6 000 €. » Les jeunes ont bénéficié par ailleurs de taux minorés sur ces avances de trésoreries.
Certaines coopératives ont aussi mis en place des différés de paiement sur les activités d’agrofournitures, et les trois quarts ont organisé des formations à « une gestion technique et économique optimisée des exploitations ».
Dominique Chargé a aussi insisté, auprès des élus, sur les spécificités de la rémunération des producteurs. « Certaines coopératives ont pu verser des compléments de prix et/ou des ristournes », a-t-il défendu, marquant la différence avec les entreprises privées. « Nos concurrents privés font également du très bon travail, mais avec d’autres objectifs. Je ne suis pas là pour bouffer le capital de ma coopérative. J'en ai hérité de mes parents, mais je l’emprunte à mes enfants. »
« Ne légitimez plus la guerre des prix ! »
Alors que la campagne pour les présidentielles et surtout les législatives de 2017 ne commencera qu’à l’automne, le représentant des coopératives laitières a insisté sur deux points à l’attention des parlementaires. « Nous attendons des choses en matière de fiscalité. Les agriculteurs doivent avoir des outils fiscaux pour lisser les revenus et permettre des réserves pour les périodes plus difficiles. » Dominique Chargé a aussi interpellé les élus sur la guerre des prix. « Nos distributeurs ne doivent plus être légitimés dans leur stratégie de guerre des prix au motif qu’il faut préserver le pouvoir d’achat des français. Vous devez responsabiliser tous les acteurs pour une juste répartition de la valeur. »
Plus urgent que tout, et avant d’envisager une hypothétique harmonisation sociale et fiscale européenne, la mise en place effective de mesures d’incitation à la réduction de la production laitière européenne doit s’opérer au plus vite. « En mettant en place des aides assorties de contingents pour l’intervention, l’Europe a subventionné la surproduction », dénonce-t-il. « Il faut au contraire soutenir au plus vite les pays et leurs producteurs qui réduiront leur production. »
« Le commissaire européen à l’Agriculture doit annoncer au plus vite une nouvelle enveloppe budgétaire pour inciter financièrement à la réduction de la production. » Car la production laitière européenne continue d’augmenter. Cette dernière a cru de 5,6 % au premier trimestre 2016 par rapport à 2015. Mais la France reste à contre-courant de ses principaux concurrents irlandais, hollandais et belges. « La production a légèrement baissé le mois dernier. »
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